La lettre
Il y avait une foule gigantesque, les couleurs volaient, elles voltigeaient au fur et à mesure que les personnes passaient. Elles allaient d’un côté et de l’autre, ne s’arrêtaient jamais. Certains se donnaient la main, d’autres courraient et plusieurs demandaient leur chemin.
Pas une seule pause. J’étais tranquillement assise sur une petite terrasse, d’un petit bar, d’une petite…Pardon, d’une grande ville. La lumière du soleil flottait sur mon visage et je regardais toutes ces personnes qui passaient et repassaient devant moi. Mon stylo à la main, posée sur la table bleue qui était placée devant moi, mon verre d’eau à côté, je pensais. Les mots tournaient et retournaient dans ma tête, pourtant j’étais comme obsédée par ce virage, devant mes yeux , ce virage ou les gens se bousculaient.
Aujourd’hui, je ne pouvais pas écrire, écrire cette satanée lettre. Puis j’ai décidé d’observer. Après tout, ça n’était pas plus mal, ça m’enlèverait peut être ma peur. Une personne soudain s’arrêta. Elle interrompit ce cycle et moi, je la contemplais, elle était plutôt grande, avait un t-shirt sur lequel était dessiné une girafe et son sac à dos était en forme de caméléon.
Elle s’était arrêtée devant une plante et elle s’était assise, adossée contre une grosse pierre, cette pierre qui était en plein milieu du virage.
Je n’en revenais toujours pas. Même un chat s’arrêta pour regarder cette étrange personne. Elle ne bougeait pas, malgré les acrobaties des passants autour d’elle. Elle avait fermé les yeux juste après avoir vu « l’arbre de la sagesse », comme on l’appelait.
De toute ma petite existence, jamais encore, je n’avais vu quelqu’un s’asseoir sur la place. Cette place ou tout remuaient et ou jamais personne ne s’arrêtait.
Et là, ce fut un moment de vérité. Ma main se mit à écrire, écrire cette fameuse lettre qui ne me donnait aucun plaisir, aucun désir d’écrire. Au fur et à mesure, les mots grandissaient. La personne, toujours aussi calme ouvrit un livre et ma feuille se remplissait. Et soudain, comme un dragon, jaillissant de nulle part, une vieille femme apparut et cria :
« Nathalie ! »La jeune femme se leva et rétorqua :
« J’arrive maman ! »Puis s’en alla.
Le cycle de la place recommença, sans plus de sensualité entre les gens, sans amour.
Je me levais puis je partis, je rentrais chez moi, au onze rue des Tulipes, dans ma petite maison rouge. Une heure plus tard, mon appareil photo en main, je revins sur cette place qui donnait sur un établissement scolaire.
Je pris une photo, déposais la lettre sur la table. Ce n’était qu’une question d’heure, demain, je déménageais. Je dis adieu à mon collège et partis ; un vent léger me transportait. Lorsque je me retournais, ma lettre s’était envolée et j’avais arrêté pour toujours, le cycle de la place, dans ma photo que j’emporterais avec moi au bout du monde.
Texte que j'ai écris lors d'un atelier d'écriture avec des copains de la famille....Kanaillou
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